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Un pays en mémoire

D'une main de maître Maxime Ben Haim nous tient en suspens sur les traces d'une enfance nostalgique, tout en nous prévenant subtilement de son irrévocable disparition. Dans ses tableaux, il n'y a pas un seul arbre qui pousse, pas une herbe ni une fleur. Ce ne sont que murs séculaires brûlants à sa joue, bruissants d'histoires murmurées, maisons aux portes fermées ou à peine entr'ouvertes sur des femmes secrètes au regard grâve, hésitantes au seuil des maisons, terasses éblouies de soleil où des ombres mauves distillent la prescience d'un futur abandon. 
Maxime Ben Haim est né d'une ville impériale hérissée de minarets,où gît tapis au pied de murailles séculaires, recoquevillé, le Mellah des Juifs, cerné d'une médina belle et inaccessible. Il est né d'un printemps marocain couleur bleu de nil à la lisière de la fête de Pessah. 
Son premier souvenir fut la lumière vivante qui envahit les terasses, où des femmes à la peau couleur d'ambre et aux yeux noirs se profilent dans leur atours châtoyants contre un ciel immense et bleu.
Le temps a fui depuis qu'il a quitté ces lieux de son enfance, mais il a gardé planté dans sa mémoire ce vieil homme courbé sur sa canne, arpentant d'un pas incertain les ruelles de son mellah, semblant prier que son temps termine sa course dans la clarté des temps messianiques. 
Plus tard, beaucoup plus tard, Ben Haim revint dans sa ville natale. Les murs séculaires avaient gardé leur mystère, les rues soudain muettes, vivaient encore dans le souvenir de l'écho des enfants qui couraient. Les portes des maisons autrefois entrebaillées étaient closes sur de nouveaux mystères. 
L'Histoire était passée par là. Elle s'etait écrite en départs précipités, en douloureux abandons, en regrets. confus. Ne restait plus à celui qui revenait,suintant de ce paysage, que le parfum et le goût doux amer d'une infinie nostalgie. Cette lancinante nostalgie qu'il n'en finiit pas de décliner dans sa peinture ,ici, dans son blanc exil à Montréal.

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